Lors d’une construction de maison ou de bâtiment se pose la question de l’isolation. Aujourd’hui, une multitude d’isolants sont disponibles. Aux classiques matériaux synthétiques s’ajoutent la laine de verre et la laine de roche. Ces deux laines minérales ont été rejointes par de nouveaux produits, plus écologiques et plus sains : les isolants bio-sourcés. La ouate de cellulose, les fibres de bois, le coton ou la laine de mouton connaissent un succès grandissant. D’autres isolants profitent de ce choix d’isolation, comme le lin ou la laine de chanvre. Quelle est la place de cette dernière parmi les isolants bio-sourcés ?
La fabrication de la laine de chanvre
Le chanvre subit une transformation avant d’être conditionné en laine. La culture du chanvre est annuelle : la plante pousse relativement vite. Le semis se déroule généralement au début du mois de mai, alors que la récolte débute fin août, jusqu’à fin septembre.
Processus de culture du chanvre
Après le fauchage des tiges, le chanvre reste en tas sur toute la longueur du champ. Peu à peu, les tiges se transforment en paille, puis sont retournées. Sous l’effet de la chaleur et de l’humidité, les fibres putrescibles du chanvre pourrissent, laissant seules les fibres imputrescibles. Les protéines de chanvre disparaissent également, éloignant rongeurs et insectes de la laine de chanvre.
La paille est ensuite conditionnée, puis conduite dans un hangar. Un défibreur mécanique se charge de séparer la tige en deux. D’un côté, la fibre sera utile pour l’isolation. De l’autre, la chènevotte, qui servira à la création de mortier en chaux de chanvre, d’enduits, etc.
Aujourd’hui, la France domine la production européenne de chanvre. La région Grand Est en est la principale pourvoyeuse, même si le pourtour atlantique fournit une part non négligeable de chanvre.
Une culture vertueuse, une fabrication écologique
Le cycle de production du chanvre respecte l’environnement. En effet, la plante de chanvre repousse naturellement les mauvaises herbes. L’utilisation d’herbicides et d’engrais chimiques est donc inutile à la bonne croissance du chanvre. D’un point de vue écologique, la culture du chanvre demeure donc vertueuse.
De la fibre à la laine de chanvre
Néanmoins, la laine de chanvre nécessite l’ajout d’un produit synthétique pour lier les fibres entre elles. On utilise des fibres thermofusibles comme le polyester : elles se liquéfient sous l’effet de la chaleur. En résulte une laine homogène, moelleuse et aérée. Ce principe, indispensable pour la bonne tenue de l’isolation, vient galvauder le bilan jusqu’ici totalement écologique du chanvre. Mais, l’immense majorité des laines végétales subissent ce mélange. Par ailleurs, le chanvre reste dominateur dans la composition de la laine, à 80 %. L’isolant reste donc largement en deçà des laines synthétiques et minérales, quant aux besoins en énergie grise.
Les performances de la laine de chanvre en matière d’isolation
En ce qui concerne l’isolation, les matériaux doivent répondre à des critères de performances dans plusieurs domaines. Les principaux sont d’ordre thermique et phonique. D’autres aspects, tels la capacité hygroscopique, la résistance face au feu et aux agressions extérieures ou encore le prix, se comparent également. La laine de chanvre dispose de sérieux avantages dans tous les domaines.
Laine de chanvre : la résistance au tassement
Les fibres de chanvre sont reconnues pour leur résistance. Elles s’utilisent depuis des siècles en isolation et dans d’autres secteurs (corde, voile de marine). La laine de chanvre bénéficie des mêmes avantages, à condition de choisir les produits en panneaux ou en rouleaux. En vrac, le matériau a tendance à se tasser. Pour l’isolation des combles, il faut prévoir un tassement de 20 % pour calculer la quantité de laine de chanvre.
Les performances thermiques de la laine de chanvre
L’isolation thermique demeure le point fort de la laine de chanvre. Le coefficient de conductivité thermique se situe entre 0,039 W/m. K et 0,045 W/m. K. L’immobilité des fibres et la très bonne aération de l’isolant emprisonnent l’air, ce qui abaisse la conductivité thermique du matériau. Cela place l’isolant au même rang que les laines d’isolation minérales (roche, verre). Le produit figure néanmoins derrière les laines d’isolation synthétiques.
Le déphasage thermique de la laine de chanvre
Autre aspect important dans le choix d’un isolant, le pouvoir de déphasage thermique. Cette caractéristique montre la capacité du matériau à ralentir la progression de la chaleur vers l’extérieur en hiver, vers l’intérieur en été. En clair, un bon déphasage thermique limite la déperdition d’énergie (chauffage et climatisation) et offre en confort thermique à l’année. Pour une épaisseur de 30 cm, la laine de chanvre obtient un temps de déphasage d’environ dix heures. C’est plus que certaines laines bio-sourcées, voire bien plus que les laines minérales. Pour rappel, la laine de verre possède un déphasage thermique compris entre trois et quatre heures. Celui de la laine de roche atteint six heures.
Les performances phoniques de la laine de chanvre
Parmi les isolants écologiques, la ouate de cellulose, le liège ou les fibres de bois offrent de meilleures performances acoustiques. Néanmoins, la laine de chanvre dispose d’une bonne capacité d’isolation phonique, surtout en panneaux.
Laine de chanvre : une perméabilité à la vapeur d’eau
La laine de chanvre affiche de belles performances hygroscopiques. L’isolant absorbe efficacement la vapeur d’eau et la redistribue si l’air devient trop sec. Par ailleurs, la laine de chanvre ne s’abîme pas en cas d’humidité, au contraire d’autres laines isolantes. En revanche, si l’humidité demeure inhérente au climat, mieux vaut placer un frein vapeur.
Les réactions de la laine de chanvre face au feu, aux rongeurs, aux insectes
La laine de chanvre fait partie des isolants végétaux. Le matériau se montre donc naturellement sensible au feu. Voilà pourquoi ces laines subissent un traitement ignifugé, en général à base de sel de bore. Ce produit génère de la vapeur d’eau en contact avec les flammes, carbonisant l’isolant. Le chanvre affiche, par ailleurs, une grande insensibilité face aux rongeurs, insectes et moisissures.
Laine de chanvre : quelle utilisation en fait-on pour l’isolation ?
En isolation, la mise en œuvre de la laine de chanvre peut s’effectuer quasiment à tous les niveaux : murs, combles et planchers.
Utilisation de la laine de chanvre sur et sous le plancher
L’isolant peut se poser en panneaux, directement sur le plancher en une ou deux couches, ou entre les solives en deux couches. Pour une mise en place sous plancher, on place la laine de chanvre sur une ossature.
Utilisation de la laine de chanvre pour les combles aménagés
Sur des charpentes traditionnelles et en fermette, la laine de chanvre se place en panneaux sous la couverture, en deux couches. La première couche est mise en œuvre entre les chevrons ou les fermettes, la seconde sur les suspentes et les rails. Un parement décoratif se pose à la suite de l’isolant.
Isolation des murs par l’intérieur ou l’extérieur
Pour une isolation intérieure des murs, le choix se tourne vers des panneaux ou rouleaux en laine de chanvre. Une épaisseur comprise entre 15 et 20 cm offre un confort satisfaisant toute l’année. Le chanvre se conditionne également en brique. Ce matériau est idéal pour l’isolation extérieure des murs lors d’une construction ou d’une rénovation.
Comme les autres matériaux d’isolation bio-sourcés, la laine de chanvre propose une isolation écologique aux nombreux avantages. Certes, le prix d’achat demeure plus élevé, mais les performances sont au rendez-vous. Un bel investissement pour le futur, qui s’inscrit dans la prise de conscience environnementale.
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